Nos voies lactées - extrait #10 Écriture : David Wahl

Istanbul

La Turquie ? Ça me convient, ce pays m’attire. C’est le pays des commencements. À l’Est on se baigne dans l’Euphrate. Le Jardin d’Eden n’était pas loin, dit-on. Après le déluge, l’arche de Noé s’y serait échouée, laissant Noé et les animaux fonder un nouveau monde.

Mon avion se pose sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul. C’est le soir. Je saute dans un taxi. Dans moins d’une heure c’est Byzance. Byzance, ou Constantinople, ou Istanbul, c’est la reine des villes. Rêvée comme nouvelle Rome par son fondateur Constantin, elle régnait il y a longtemps sur tout le bassin méditerranéen, y compris la Bretagne. Istanbul, ça veut dire en Ottoman : la Ville. Et quelle ville ! En 1970, elle abritait 1 million d’habitants. Aujourd’hui, moins de 50 ans plus tard, elle en compte 15. C’est une mégalopole interminable qui s’étend partout, ondulant au rythme des collines qu’elle recouvre de son étreinte de béton. Elle me séduit plus qu’elle ne m’effraie. On ressent qu’ici une grande partie de l’histoire des hommes est scellée entre les briques des immeubles. Grecs, Romains, Arabes, Ottomans, gens du monde entier ont laissé leur trace, en s’empilant les uns sur les autres. C’est un concentré de civilisations et de temps. Presqu’un pressé universel. Istanbul enjambe la mer et s’étale sur 2 continents, l’Europe qui finit, l’Asie qui commence, se faisant face de chaque côté des rives du Bosphore, un pont de terre étrangement fissurée par une veine de mer reliant la Méditerranée à la Mer Noire. Tiens d’ailleurs Bosphore en grec ça veut dire passage de la vache.... c’est bon signe vous croyez ?