PHARMACOPÉE
Dans la culture ancestrale chinoise, on n’allaite pas son enfant avec du lait animal. On reste entre humains, et les ruminants gardent leur lait pour eux. Mais d’autres animaux sont fortement recommandés par la pharmacopée traditionnelle pour garantir aux mères de fécondes tétées. C’est d’ailleurs ce qui rend le pangolin si convoité dans l’Empire du milieu. Les médecins recommandent en effet de réduire ses écailles en poudre, afin d’en confectionner un breuvage à l’usage des femmes enceintes.
Alors vache pour l’Europe ? Pangolin pour la Chine ? Ce n’est plus le cas. Allez jeter un coup d’oeil sur internet, consultez les sites chargés de promouvoir auprès du public asiatique ce fameux lait breton. Alors comme nous, vous risquez d’être stupéfait par la valse d’images bucoliques, où de grasses vaches bretonnes paissant des pâturages vert synthétique alternent avec des familles européennes aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Le message est limpide : le lait rend beau, le lait rend fort, le lait vous transforme en Européens riches et bien portants. Dans la culture chinoise, absorber la substance d’un animal vous communique ses qualités, et si l’aspect des Occidentaux fascine, la vache, animal fort et vigoureux, dont ces derniers consomment la substance lactée dès la naissance, doit bien y être pour quelque chose....Le lait breton, un or blanc ? Capable de vous ouvrir les portes de l’eldorado du bien-être et de la puissance ?
Texte David Wahl
Photographie Sébastien Durand